JAPON / Koyasan – Fantômatique

Classé dans : ASIE, CARNETS, JAPON, Kyoto, VOYAGES | 0

Une fois n’est pas coutume, cette fois, je vais vous faire le récit de 2 jours en un seul billet.

Ceci est dû à une carence, non pas en événements, mais en visites, dont a été victime mon samedi, puisque le typhon – même passé – a encore fait des siennes dans les environs de Kyoto. Mais avant de quitter tout à fait la ville pour Koyasan (un mont sacré encore, j’en dirai plus tout à l’heure), je vais quand même vous raconter l’événement du matin.

En rentrant la veille, après avoir visité le Koyumizu-dera, j’ai découvert qu’il y avait une « attraction secrète » dans ce temple, qui apparemment sort de l’ordinaire et des sentiers battus. Il s’agit d’aller tourner la pierre de « Tainai-Meguri », qui se trouve dans le ventre (l’utérus) de la Boddhisattva Daizuigu Bosatsu. Cette Boddhisattva a le pouvoir de réaliser n’importe quel souhait, pourvu qu’il soit sincère. Alors oui, vous avez bien lu, pour trouver cette pierre, il faut rentrer dans son ventre, dont l’entrée se trouve près de la pagode principale. En réalité, ce n’est pas si secret que ça (évidemment, ça ne peut pas être secret puisque c’est dans le Précieux), il y a même plein de monde. A partir de là, je suis entrée dans le ventre de la boddhisattva et je ne vais pas vous raconter ce que j’ai vraiment vu et fait jusqu’à atteindre la pierre, car si un jour vous avez l’occasion de vivre cette expérience, je ne voudrais pas la gâcher (et si vous l’avez déjà vécue vous savez de quoi je parle). Mais je veux simplement dire que c’était un cheminement vraiment mystique, mystérieux, et que lorsque j’ai finalement vu la pierre, j’ai eu envie d’éclater en pleurs.

En savoir plus sur les temples de Kyoto :

>>> GUIDE KYOTO : Itinéraire à Higashiyama <<<

Après cela, je suis restée silencieuse un long moment à marcher, plongée dans mon moi intérieur. Mais il fallait quand même que j’attrape un train pour aller à Koyasan (3h30 de train parce qu’il faut compter tous les changements pour arriver là-bas). Il a donc fallu que je me dépêche. Pour être très honnête, c’est là que les choses ont commencé à se gâter…

*** Début de la galère *** 

J’étais en retard et j’ai raté un premier train. Puis en arrivant à la gare de Kyoto (impressionnant bâtiment, btw), il y avait une foule incroyable et j’ai commencé à faire la queue, avec 15 kg sur le dos, pour me rendre compte 20 minutes plus tard que je n’avais en fait pas besoin de faire la queue pour le type de train que je voulais prendre. Et finalement, j’apprends que les lignes de train sont de nouveau coupées autour de Kyoto et Osaka à cause du typhon. En fin de compte, après avoir perdu 1h30, j’ai tiré de ma manche la carte de l’ingéniosité du voyageur galérien et ai fini par rallier la gare de Namba qui permettait de rejoindre Koyasan. A partir de là, c’est quand même allé mieux. J’ai juste mis 5h de plus à arriver par rapport à l’horaire initiale.

*** A peu près fin de la galère ***

Train-Koyasan

Cela dit, une fois l’agacement passé, le trajet pour Koyasan est magnifique. Le train serpente dans la montagne et parcourt des villages ensoleillés quand le typhon le veut bien. Une fois arrivé à la gare de Gokurakubashi, le train ne peut pas aller plus loin. C’est déjà un plaisir en soi de descendre à cette gare. On sent d’ores et déjà l’atmosphère religieuse avec les petites cloches accrochées partout…

C’est aussi là que le pittoresque commence : lcable-car qui monte jusqu’à Koyasan est une aventure en lui-même. Le véhicule est en escalier. Il peut contenir une centaine de voyageurs, qu’il amène en haut d’une pente abrupte de 637 m. Le trajet ne dure que 5 minutes mais il vaut son pesant d’or. C’est l’un des seuls cable-car au monde à pouvoir aller à une telle vitesse et c’est particulière impressionnant de le voir croiser son collègue qui lui, descend la pente. Une fois en haut, un bus amène les voyageurs sur le site même de Koyasan, au bout d’une route de montagne fort étroite.

Petite vidéo de cette expérience :

J’arrive au temple où je loge 15 minutes avant la fin de l’heure réglementaire pour le check-in. Ouf. Ce soir, je dors dans le temple bouddhique Houon-in, qui fait également ryokan (hébergement traditionnel japonais), comme beaucoup de temples à Koyasan. Je suis plutôt émerveillée en arrivant : cela promet d’être une expérience unique ! A vrai dire, j’en attends beaucoup. Depuis le début, c’est sensé être l’un des clous de mon voyage ! Dans la réservation de la chambre dans un temple sont également compris le dîner et le petit-déjeuner végétariens, ainsi que la participation à la prière matinale du matin avec les moines. La chambre est effectivement traditionnelle, et assez spartiate.

Il est temps de vous faire une brève introduction de Koyasan : le mont lui-même (le Mont Koya) est le berceau du bouddhisme ésotérique, une secte bouddhique importée au Japon par Kobo Daishi, qui espérait apporter la paix au Japon en y implantant cette école. Ces terres lui furent données pour qu’il l’y ouvre. Aujourd’hui, d’innombrables temples y ont été érigés et surtout, la perle de ce site, ce que je suis vraiment venue voir, c’est le cimetière bouddhique Oku-no-in, un cimetière où tout bouddhiste veut être enterré s’il veut avoir sa place dans les cieux. J’ai prévu de visiter le cimetière à la première heure le lendemain.

Les choses ne se passèrent néanmoins pas tout à fait comme prévu. Si la soirée au temple commence très bien (les repas sont excellents et très copieux ! On doit bien se nourrir lorsqu’on dîne à 18h – je me fais de nouveaux amis très ouverts et portés sur la spiritualité pour certains, avec qui je m’entends très vite bien) la nuit n’est pas aussi tranquille. Je dors extrêmement mal sur le futon, et mon sommeil est peuplé de cauchemars. Ma soeur dit que toute cette spiritualité et ces bouddhas doivent réveiller en moi beaucoup de choses. C’est possible. Malgré tout, je suis debout à 5h30, prête à participer à la prière matinale, pleine d’espoir pour le reste de la journée. Les moines récitent des sutras d’une voix à la fois monotone et chantante (c’est très particulier, si vous avez déjà entendu des moines psalmodier, vous savez de quoi je parle).

Après la prière, nous nous voyons proposer un cours de méditation par l’un des moines, en anglais. Il va nous apprendre la méditation comme exercice du bouddhisme ésotérique (ou Bouddhisme Shingon). Elle s’opère en 3 étapes : stabiliser le corps, stabiliser la respiration, stabiliser l’esprit. La dernière étape étant très difficile à atteindre, nous allons nous en tenir aux deux premières. Je ne vais pas vous refaire la séance en entier mais l’exercice de la respiration n’est vraiment pas facile, évidemment. Tout comme rester immobile, le dos bien droit, et concentré pendant plus de 15 minutes. En définitive, nous avons médité 22 minutes. C’était très apaisant malgré la difficulté de l’exercice.

Koyasan-temple-petit-dejeuner

Le petit-déjeuner – toujours végétarien – qui s’ensuit est, comme le dîner, copieux et plein de vitamines pour la journée. Après avoir englouti tout ça et un bol de riz supplémentaire, je m’apprête à aller visiter le cimetière d’Oku-no-in, accompagnée de 3 voyageurs rencontrés au temple : deux Américains d’origine indienne et un Turc. J’ai cependant une barre de fatigue sur le front. Un doliprane, et on repart.

En savoir plus sur la cuisine végétarienne des moines :

>>> Shojin Ryori : à la table des Bouddhistes <<<

Sur le chemin, nous nous arrêtons dans une pâtisserie traditionnelle de Koyasan pour goûter aux mochi et brioches de riz à la pâte de haricots rouges. Eh bien, ce fut la meilleure pâte de haricots rouges jamais goûtée dans ma vie ! Fondante et peu sucrée, un véritable délice !

Le cimetière bouddhique est un endroit irréel. Les tombes couvertes de mousses s’étendent à perte de vue. Certaines parcelles ou certaines tombes cependant sont plus neuves, cela se voit au granit et à l’état de la pierre. Des moines et des nonnes sont enterrés là. Des bouddhas de toutes les tailles et de toutes les formes pavent la voie un peu partout. Il faudrait des heures et des heures pour explorer tous les recoins de ce cimetière. C’est magnifique. C’est d’ailleurs si différent de ce que j’ai l’habitude de voir que j’en oublierais presque qu’il s’agit d’un cimetière.

Oku-no-in-3

Je ne sais pas trop ce que je suis en train de visiter, je me laisse juste impressionner par le paysage. Je regrette d’être aussi fatiguée, à chaque pas que je fais, car je voudrais aller crapahuter dans les petites allées qui s’enfoncent dans la montagne, m’éloigner de la foule de touristes que restent sur les chemins principaux du cimetière. Mais aujourd’hui, je n’en ai pas la force et j’ai l’esprit complètement embrumé. Je m’en veux de me sentir ainsi car j’ai l’impression de ne pas pouvoir profiter pleinement de ce lieu.

Même sans parcourir les allées latérales, nous restons tout de même plus de 2 heures à marcher, nous visitons le mausolée de Kobo Daishi, dont la légende raconte qu’il continue, de là, de prier pour nous jusqu’à la fin des temps. Le cimetière est pavé de tombeaux particuliers ou de lieux à légendes, comme par exemple la tombe de cette nonne dont on dit que si on y colle son oreille, on peut entendre les cris de l’enfer (je n’ai pas essayé) mais dans un registre moins sinistre, il y a, dans l’enceinte sacrée autour du mausolée, une grosse pierre qu’il faut essayer de soulever : aux personnes gentilles, elle paraîtra légère, aux autres, elle paraîtra beaucoup plus lourde. J’ai vu certaines personnes ne pas réussir à la soulever du tout.

Oku-no-in-7

Après la visite du cimetière, j’ai perdu un à un mes compagnons de voyage, partis vers leur prochaine étape. C’est à mon tour de penser à ce que je vais faire : continuer à visiter par cette chaleur ? rentrer à Kyoto maintenant ? Je suis très frustrée de ma condition physique et de mon incapacité à supporter la densité de touristes : j’en attendais tellement de ce week-end que je n’arrive pas à me détendre sur le fait de n’avoir fait « qu’un seul » site (mais quel seul site !) 1 heure de tergiversations intérieures et un crochet par un joli temple en passant plus tard, je suis dans le bus qui me ramène à la gare de Koyasan : de toute façon, je n’en peux plus et je commence à sentir la fatigue des 9 jours passés. J’ai beau ruminer, cela ne me rend ni mes pieds, ni mes épaules.

Koyasan-pont

A 18 heures, je suis de nouveau à Kyoto. J’ai un peu le moral dans les chaussettes et mon cerveau dans les yeux. Evidemment, tout cela fait partie de l’aventure mais je ne me défais pas de l’impression d’avoir perdu trois jours. Et puis, je sens la fin du voyage approcher et chaque minute sur place commence à valoir son pesant d’or. Vous l’aurez compris : je m’auto-stresse sur la gestion du temps des vacances et c’est très désagréable. Ce soir-là, une seule chose réussira à me rendre le sourire : je fais la connaissance de Valentin, un jeune Français qui réside dans la même auberge que moi et passe quelques jours à Kyoto. Nous sortons chercher quelque chose à manger et après avoir erré ensemble – je me rends compte que cela me fait du bien de parler un peu français – nous tombons sur une petite échoppe d’Okonomiyaki, cette omelette/crèpe fourrée japonaise avec plein de choses dedans (des oignons verts à l’oeuf supplémentaire).

La soirée se termine donc à déguster l’Okonomiyaki sur les berges du fleuve, qui a décru depuis la veille… une façon amicale et apaisante de terminer ce week-end. Un moment où je me dis que, finalement, l’imprévu est souvent à l’origine des meilleurs moments.

En train de préparer votre voyage au Japon ?

>>> GUIDE COMPLET : Manger & voyager au Japon <<<

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.