PARAGUAY / Romantique rencontre avec l’artisanat guarani

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Brésil au nord, Argentine au sud et Bolivie à l’ouest, le Paraguay est un pays peu connu et négligé par les touristes qui voyagent en Amérique Latine. Parce qu’il est rarement visité par les étrangers, l’industrie touristique y est assez peu développée. Le résultat ? Un pays naturel où l’on vit lentement. Un pays doux où l’on sourit beaucoup, malgré des inégalités sociales très marquées. Un pays où l’espace fleurit avec le passage du temps, ce qui laisse place à quelques découvertes romantiques pour ceux qui osent s’aventurer au Paraguay.

Yparacaí, écrin tropical d’Asunción

A l’arrivée, la capitale offre un accueil inhabituellement sobre : ici, pas de tour opérateur ou de marché aux bibelots chamarrés vantant l’artisanat local bon marché. Asunción est une ville économique, fonctionnelle, qui cherche à montrer son développement. Le centre historique offre tout juste ce qu’il faut de nature et de culture grâce au jardin botanique, son poumon vert. Mais si l’on veut découvrir le vrai visage et la douceur du Paraguay, c’est à l’extérieur de la ville qu’il faut s’aventurer.

Direction le lac Yparacaí, à quelques kilomètres d’Asunción. Ce lac à l’horizon découpé de collines est chanté dans des chansons d’amour locales. En fin de journée, le coucher du soleil miroite joliment sur les eaux calmes du lac. Un pêcheur rentre sa barque. Les couples de promeneurs achètent des gourmandises à la vieille dame qui vend des fraises à la chantilly dans des gobelets en plastique. Je pourrais presque croire que l’amour à la paraguayenne, c’est de se tenir par la main en buvant du yerba maté sereinement sur les bords de l’Yparacaí, leur gourde caractéristique posée sur un banc près de soi. Au loin, un vol d’oiseaux se détache sur le ciel mauve en criant.

A la rencontre de la culture paraguayenne

A quelques centaines de mètres de là, tranquille, la petite ville du même nom est envahie par la flore tropicale. Vestiges de l’époque coloniale, les grandes demeures bourgeoises alignées le long des rues en échiquier sont enregistrées au patrimoine national. Je ne sais pas bien si leur architecture est créole ou néo-classique. Ce qui est sûr, c’est que les colons avaient le goût des mélanges.

En face de l’église d’Yparacaí, une surprise m’attend. Une petite maison colorée qui ressemble à une école primaire accueille tout le gratin de la culture d’Asunción sur sa terrasse ! Je le sais car je reconnais la jeune Ministre de la Culture paraguayenne, que j’ai aperçue dans un magazine en arrivant en ville. Sur ses hauts talons, vêtue d’une robe à fleurs, elle a à peine quelques années de plus que moi. C’est comme ça, ici. Dès qu’on a quelques diplômes – a fortiori étrangers – on peut accéder à des postes prometteurs…

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C’est au prétexte d’un vernissage qu’artistes, journalistes et ministres se côtoient dans cette maison culturelle d’Yparacaí. La propriétaire est une artiste qui s’est investie ces dernières années dans la promotion de l’art paraguayen auprès des plus jeunes : ce lieu est le résultat de ses efforts. Pour une fois, hommes et femmes se mélangent autour de ce cocktail, contrairement à ce que j’avais pu observer jusque là dans le pays. L’ambiance artistique et bon enfant me permet de découvrir l’imaginaire paraguayen à travers son artisanat : on travaille le bois et la céramique. Les animaux de la jungle semblent être une source inépuisable d’inspiration pour les artistes. Mais les sculptures de personnages amoureux sont nombreuses aussi. C’est la vie qu’on célèbre dans l’art.

Un bestiaire artisanal fantastique

Une grosse table en bois en forme de tortue trône au milieu de la salle, entourée de mignons tatou-bourets. Le tatou est caractéristique de la faune locale. Je tombe amoureuse du travail de Julia Isidrez, céramiste, créatrice d’un fantastique bestiaire emblématique de la nature du Paraguay et de l’art guarani : on reconnaît dans ses œuvres un ornithorynque, un petit renard, une loutre, un ours ?… Elle s’inspire des techniques ancestrales guaranis. La communauté guarani est le peuple indien qui vivait sur les terres du Paraguay. Elle côtoie largement aujourd’hui les descendants de colons européens mais son savoir-faire et son art continuent d’influencer l’expression artistique du pays pays.

Là dans un coin, je reconnais soudain « Ao-Ao » ! Mi-dieu mi-bête, ou carrément bête à l’âme divine, c’est un genre de chien-singe à l’air amical, presque drôle dans sa posture d’enfant cherchant à faire peur. Je suis immédiatement prise d’affection pour lui. Pour vénérer un dieu aussi mignon, les Guaranis ont sans doute gardé une âme d’enfant…

ao ao

La préservation et la promotion du patrimoine guarani constituent une question centrale au Paraguay, un pays où l’éducation des plus jeunes est un combat de tous les jours. Entre nature et culture, le pays possède d’incontestables attraits touristiques, mais saurait-il les conserver si, un jour, l’industrie touristique s’en emparait ?

Cet article est aussi disponible sur le site d’Americas Connection et en page 18 de l’édition spéciale sur le Brésil.

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Voici l’édition dans laquelle cet article a été publié (j’adore la couverture !!)

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