FRANCE / Saint-Malo, souvenirs d’un bastion de la voile

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D’écrire sur la Vendée et la mer m’a rappelé que, l’année dernière, à peu près à la même époque, j’ai eu la chance de me rendre à Saint-Malo pour le départ de la célèbre course de voile : La Route du Rhum. A l’époque, je travaillais pour un client partenaire d’un skipper rochelais plutôt connu et reconnu dans le milieu, Yannick Bestaven. Le marin avait déjà à son actif des transatlantiques en double (comme la Transat Jacques Vabre) et avait dû, malheureusement, abandonner la précédente Route du Rhum, 4 ans plus tôt, pour cause d’avarie matérielle.

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Comment j’ai plongé dans la mer : mon histoire préférée

Il faut vous dire que quelques semaines plus tôt à peine, pour moi qui ne connaissais absolument rien à la voile, et qui n’avais de surcroît jamais mis les pieds à Saint-Malo, assister au départ d’une telle course équivalait à peu près à faire la trouvaille d’un joli coquillage sur la plage : « ah tiens, on entend la mer, oui… c’est plutôt joli, certes. Bon, quand est-ce qu’on mange ? » Je ne réalisais en aucune façon qu’avoir le privilège d’arpenter les pontons à la veille du départ dans le vieux port de Saint-Malo était une chance inouïe. Et encore moins que suivre le départ des concurrents en haute mer à bord d’un vieux gréement qu’on avait spécialement fait venir des Pays-Bas représentait un luxe que bien des passionnés de voile envieraient. Du moins, c’était avant de me rendre compte que les marins étaient peut-être parmi les derniers sportifs qu’on pouvait encore qualifier d’aventuriers, voire de héros.

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J’ai pris conscience de tout ça au contact d’une ancienne navigatrice, maintenant reconvertie en consultante dans le marketing sportif, du nom d’Anne C. Un jour, alors qu’on me briefait sur je ne sais quel déplacement du voilier de Yannick B. d’un chantier à un port, que je devais relayer sur Twitter ou Facebook, je ne sais plus bien, elle m’a raconté l’histoire suivante :

A l’époque où Anne supervisait le Vendée Globe de Catherine Chabaud, la première femme à avoir terminé ce tour du monde en solitaire, en 1996-97, la navigatrice en course perdit soudainement le contact avec la terre alors qu’elle se trouvait au niveau du Cap Horn. Impossible alors pour l’équipe à terre de savoir si leur marin était en bonne santé, si son bateau était encore en bon état et où elle se trouvait. S’était-elle abîmée en mer ? Echouée quelque part ? Loin de désespérer (mais quand même après s’être creusée les méninges, je suppose) Anne pensa alors que si Catherine ne pouvait plus émettre par sa radio, peut-être pouvait-elle encore recevoir… ? C’était un pari à prendre.

Elle décida alors de mettre en place des relais radio de France jusqu’en Argentine (la moitié de la planète) ! Et c’est ainsi que chaque jour à la même heure, un mois curant, elle se brancha sur le canal pour diffuser à Catherine des nouvelles de la terre, de la course, de sa famille, sans savoir si celle-ci les entendait. Pour renforcer leurs chances de faire passer un message à la navigatrice, l’une des animatrices météo française (la météo est émise sur les hautes ondes internationales qu’on capte n’importe où) proposa de dire personnellement à Catherine à la fin de son bulletin qu’elle devait écouter le canal sur lequel Anne lui parlait. Car cette dernière savait qu’en mer, la navigatrice écouterait au moins les bulletins météo : sa seule chance !

Avaient-elles réussi ? Ce n’est que plusieurs semaines plus tard qu’Anne reçut un message émis depuis un cargo qui avait croisé la route de Catherine : elle allait bien, ne pouvait plus émettre mais lui demandait de continuer à diffuser des nouvelles car, oui, elle l’écoutait.
Incroyable histoire, n’est-ce pas ? Des relais radio sur la moitié de la planète ! Ils rassemblaient des radios amateurs pour diffuser ces nouvelles.

Cette histoire m’a émue jusqu’à l’os. Anne, je ne sais pas si tu me lis mais sache qu’à partir de ce moment, j’ai développé un véritable enthousiasme, beaucoup de respect évidemment, et une certaine fascination pour le monde de la voile : ces marins traversent un, voire plusieurs océans, seuls… seuls à bord d’une bicoque de 60 pieds ! C’est de la folie furieuse quand on y pense. Et d’ailleurs, tout le temps que j’ai pu les observer se préparer depuis les pontons, je me disais : « Mais pourquoi les laisse t-on partir ? Ils sont fous ! ».

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Souvenirs des remparts de Saint-Malo

Toujours est-il qu’à la suite de cette histoire, j’ai commencé à m’intéresser de plus près aux skippers, aux autres concurrents. Evidemment, c’était indispensable pour le suivi pour mon client, mais c’est devenu un véritable goût. Ce week-end là, en novembre 2014, je me retrouve donc sous les remparts de Saint-Malo, imprégnée de tout un imaginaire de loups de mer, entourée de supporters et de skippers tous rassemblés pour l’événement. La ville est en effervescence, elle n’en peux plus d’être en fête pour ce départ ! Pourtant le soir, même si la vieille ville est encore animée, le calme de la mer qui vient lécher les remparts fait de la promenade qui la surplombe un incroyable moment de contact, d’écoute, de partage avec l’océan. Bien entendu, j’aurais pu choisir de rester faire la fête avec le reste de l’équipe, mais définitivement, je ne regrette rien car cette longue balade en solo a été l’une des plus agréables que j’aie jamais faite.

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J’oubliais : vous allez me demander si j’ai mangé des crêpes puisque j’étais en Bretagne. Eh bien oui. A Saint-Malo évidemment, comme dans toutes les villes de Bretagne, j’imagine, tout le monde vous dit qu’il faut manger des crêpes. En un week-end, je réussis à en ingurgiter deux, avec cette spécialité d’oignons caramélisés dont le nom m’échappe totalement (si vous voyez de quoi je parle, je suis preneuse). Bon… Soit je m’y connais autant en crêpes qu’en voile, c’est-à-dire fort peu, soit il y a une subtilité qui m’échappe. C’est vrai, ça, qu’on mange les meilleures crêpes du monde en Bretagne ? Pour moi, elles avaient le même goût qu’à Paris. No offence amis bretons, j’adore les crêpes et c’était en l’occurrence fort bon. Mais j’ai encore du mal à reconnaître à la crêpe un véritable statut gastronomique, ne vous en déplaise… je crois que je préfère la tradition de la voile aux Bretons à celle des crêpes…

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