JAPON / Tokyo jour 4 – Yanaka, Asakusa, les onsen… ou le temps retrouvé

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Matin du 4ème jour. Je dors très mal, je me réveille environ toutes les deux heures et mes nuits n’en durent pas plus de 6 depuis que je suis arrivée. Est-ce la chaleur ? L’excitation ? Le stress de ne pas avoir assez de temps pour tout faire ? Certainement un peu de tout. A 7h, me voilà réveillée. Je dois dire au revoir à Jun Ho, avec qui j’ai passé les deux derniers jours. C’est un garçon si gentil, serviable, prévenant, il me manque déjà. L’au revoir est de toute façon rapide : en voyage, on se rencontre et on se sépare incessamment. A 10h30, après avoir vainement essayé de rattraper le retard déjà pris dans mon journal de bord (vous remarquerez que j’ai déjà 3 billets de retard !), j’attrape chapeau et chaussures et me voilà partie pour Yanaka, un quartier que mon Précieux décrit comme préservé de la modernité et témoin de ce qui peut rester de la vieille Tokyo.

Le guide n’a pas menti. Au sortir de la gare, le premier endroit à découvrir est empreint de sérénité et hors du temps, il a une atmosphère d’outre-monde. Ça sent l’encens. Après avoir gravi quelques marches en pierre, je traverse les allées de terre au milieu des tablettes funéraires dressées sur chaque tombe. Le silence est respectueux et loin d’être pesant dans le cimetière de Yanaka. Le long d’un de ses murs, il y a même des jeux pour les enfants. Les défunts sont encore inclus dans la ville, dans la vie des vivants. Cela ne va pas sans rappeler la tradition qui veut que l’on révère ses ancêtres à l’autel qui leur est consacré dans les sanctuaires shintô. Un sanctuaire de quartier peut d’ailleurs posséder son propre cimetière.

Cimetière-Yanaka

J’ai l’impression de traverser le temps sans arrêt à travers Tokyo. Ici à Yanaka, aux maisons et échoppes traditionnelles succèdent une multitude de sanctuaires de famille et de cimetières attenants. Je ne pénètre jamais les cimetières mais me contente d’admirer les bâtiments, pour ne pas déranger les éventuelles personnes venues honorer leurs défunts. La plupart des sanctuaires sont fermés mais cela n’enlève rien à leur calme beauté. Sous ce soleil de plomb, la plupart des gens restent en intérieur, ou, parce que c’est dimanche, se rendent autour des temples et sanctuaires autour desquels la fête est de mise durant les week-ends : des animations, commerces de rue, déjeuners au grand air de la ville en terrasse – comme je le verrai un peu plus tard à Asakusa – ponctuent la fin de semaine. Je me perds dans Yanaka, j’ai le temps de penser, le soleil et l’humidité étouffant ma peau. J’ai le temps de me dire que j’aime bien me perdre où je veux quand je veux. J’achète de petites pâtisseries traditionnelles dans une échoppe.

Yanaka-1

C’est alors que surgit un petit café dans le style traditionnel japonais : j’y entre pour voir. Ils vendent des objets en porcelaine et en terre cuite, le café se trouve au fond. C’est vraiment très joli. Le « café » (lieu) au sens occidental est très populaire au Japon. La boisson d’ailleurs, peut rivaliser avec le thé en termes de consommation. De nombreux cafés « cosy » sont parsemés dans les rues de Tokyo. Et le Kokkon Café, où je viens de m’arrêter, possède une touche « vintage » avec sa vieille machine à écrire dans un coin. Comme il plairait aux hipsters parisiens avec son arrière-cour toute verdoyante. Je note dans un coin de ma tête les éléments qui feraient fureur en France. Détail amusant : l’une des jeunes femmes travaillant là est mariée à un Français. La France fait scintiller les étoiles de ses yeux, chez moi le Japon produit le même effet.

Déjà 14h. Je dois me dépêcher d’aller visiter Asakusa et de rentrer car il est convenu avec Patrick et Jeong que nous nous retrouverions pour passer la soirée à Oedo Onsen Monogatari, sur l’île d’Odaiba ce soir. Pour gagner du temps et de l’argent sur le métro, je traverse le parc d’Ueno au pas de course. Mais je suis soudainement arrêtée dans mon élan par l’entrée d’un sancturaie : une large allée bordée de tōrō (littéralement « panier à lumière »).

Me voilà maintenant avec un timing plutôt serré : je n’avais pas prévu de tomber sur un autre sanctuaire à visiter ! Je me dépêche donc mais tombe à nouveau sur un imprévu : sous la voie de chemin de fer à la station Ueno, un quartier commerçant bien animé ! Etonnant, cet emplacement. Boutiques et restaurants s’entassent à l’abri de la voie ferrée et tout autour. L’ambiance est joviale ! Je me laisse portée par la foule, m’étonnant de ce mélange – pourtant usuel – de modernité et de tradition à Tokyo.

Sanctuaire-Ueno-2

Ueno-3

Cette fois, c’est la bonne ! Sanctuaire d’Asakusa, me voici ! J’avais hâte de le découvrir, avec sa grosse lanterne rouge centrale caractéristique. Malgré le nombre de personnes au mètre carré dans le Sensō-ji, je suis plutôt séduite. Il y a même une cascade et un bassin dans lequel se baignent des koi fish, ou gros poissons-chats. Ce sont des animaux sacrés : ils symbolisent la richesse. Le sanctuaire est au coeur de l’animation et touristique, et locale. Tout le monde se bouscule, s’entremêle et s’entrechoque dans les galeries marchandes couvertes et au grand air qui se juxtaposent autour du Sensō-ji. 

Asakusa-1

Enfin, retour dans un endroit plus ou moins frais : ma chambre de Shinjuku ! Mais ce n’est que pour repartir de plus belle, cette fois direction l’île d’Odaibaune île artificielle bâtie dans la baie de Tokyo. Je suis excitée comme une puce, car nous allons dans un ensemble d’Onsen – des bains de sources naturelles – mais un peu particuliers : l’Oedo Onsen Monogatari est un parc à thème autour de l’ancienne Tokyo, en manga-isée . A l’entrée, on troque ses vêtements contre un yukata (kimono d’été) et on évolue ensuite dans un décor reproduit de l’ère d’Edo (mais en un peu plus kitsch quand même, avec des personnages de mangas partout et une mascotte-poussin-canard un peu étrange… mais j’adore !!). J’ai l’impression d’aller à Disneyland ! Et pour ne rien gâcher, nous décidons d’y aller avec le Tokyo monorail qui traverse la baie par le Rainbow Bridge. Comme nous le prenons de nuit, nous pouvons admirer toutes les lumières de la ville !

Aller dans un onsen/bain public, c’est tout une expérience. Dans celui-ci en particulier, le choix de différents bassins est grand : intérieur ou extérieur, différentes températures (de 30 à 65°C !), sauna… C’est un onsen de luxe ! Dans les bains publics de ce type, hommes et femmes sont bien sûr séparés, même si on peut se mélanger dans le jardin prévu pour les bains de pieds seulement. Dans le « véritable » bain, on se douche avant de pénétrer dans les bains publics (encore heureux) et on attache sa petite serviette autour de ses cheveux. A un moment, mes cheveux se sont détachés et on m’a regardée de travers : si tout le monde laissait ses cheveux dans le bain public, ce serait vraiment dégoûtant (et bouché) ! Il fait très chaud. Il vaut mieux d’abord commencer par le bassin à 30 ou 40°C si on ne veut pas faire une… comment dit-on ? Hyperthermie ?

En sortant, les garçons me racontent qu’ils se sont directement plongés dans le plus chaud. Ils sont fous ! Pour ma part, j’ai testé les bassins intérieurs à 30, 40 et 45 (ou 50) puis extérieur, au milieu des pierres puis dans une bassine en bois, à 40°C environ. Bien évidemment, on en sort très détendu, mais aussi très fatigué : cela fait du bien mais le corps en sort tout de même éprouvé. A la suite de quoi, nous n’avons tous les trois qu’une hâte en quittant le parc d’onsen : retrouver notre lit et plonger dans des rêves du Japon d’antan.

Oedo-onsen-6

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