JAPON / Tokyo jour 1 – suite : frénétique et paisible Shinjuku

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Je me réveille. Il est 15 heures. Il pleut des cordes, Tokyo est grise, mais la ville semble pourtant douce avec ses 13 millions d’habitants croisant voitures et bus sous leurs parapluies transparents. Je les regarde passer depuis le balcon. Ca me donne envie de faire cet hyperlapse que tout le monde fait sur Instagram : le trafic à un carrefour vu d’en haut. Voilà le résultat.

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Je dois presque me faire violence pour sortir de la chambre. Voilà, j’y suis, j’ai dormi, je me suis douchée, je n’ai donc plus d’excuses pour éviter de me confronter à l’extérieur. Je me gronde moi-même : « Mais enfin, tu n’as quand même pas fait tout ce chemin pour rester plantée sur le balcon d’une auberge de jeunesse, non mais t’es sérieuse là ?? ». Je finis par prendre une grande inspiration et sortir. C’est vraiment frappant comme l’anxiété de sortir dans une ville qu’on ne connaît pas, où l’on ne connaît pas les coutumes, où l’on ne connaît personne (encore) d’ailleurs peut prendre le dessus sur nos émotions lorsqu’on voyage – quelle que soit l’intensité avec laquelle on a désiré faire ce voyage.

C’est bon. Je suis dans la rue. Il pleut. Je me dis que j’aurais vraiment dû prendre une veste. Mais heureusement, j’ai paré à l’éventualité de la pluie avec mon magnifique k-way avec des canards dessus, dont je vous épargne la vision – et qui m’aura été fort utile au demeurant. J’emprunte la première rue que je trouve en direction (vaguement) de la gare de Shinjuku, à la recherche d’un restaurant de râmen qui m’inspire. Des râmen. J’ai vraiment très faim. Mais qui dit manger dans un restaurant dit communiquer. Qui dit communiquer dit peut-être avoir besoin de sortir la merveilleuse Gomen na sai, wakari masen, furansu kara kimashitaArgh. Un 7/11 sur ma droite : un abri au sec et une enseigne que je connais ! (Et puis, je pourrai voir ce qu’on trouve dans ces supérettes typiques, après tout.)

J’achète du thé oolong (identifié d’après la couleur et pas les caractères sur la bouteille), un onigiri au saumon (d’après le dessin sur l’étiquette) et un paquet de gâteaux tout ronds qui donnent envie d’être goûtés.

Puis direction la plus grande artère sensée nous mener à Shinjuku. J’ai toujours aussi faim. Je longe les immeubles au hasard, espérant trouver… oh ! Mais que vois-je là au coin, une devanture de restaurant qui semble bien faire des nouilles, soba (nouilles de sarrasin) ou udon (pâtes de riz), d’après les reproductions de plats en plastiques qui trônent dans la vitrine. C’est bien pratique quand même, de savoir ce qu’on va manger. Il paraît que ce sont les Japonais eux-mêmes qui aiment faire connaissance de visu avec leurs futurs repas. Ce n’est donc pas un truc pour touristes. Je choisis le n°45. Bon. Il faut commander avec la machine. Comme toujours, tout est bien sûr écrit en japonais (en même temps, je ne vois pas pourquoi ce serait écrit dans une autre langue). La machine en question est de toute façon tout à fait instinctive, donc je ne devrais avoir aucune difficulté.

Après que j’ai appuyé sur les boutons qui me semblaient les plus vraisemblables, la machine me délivre un petit ticket. Et la monnaie ? Bon, ça doit être ce bouton, en japonais, ici. Bingo ! La monnaie me revient, super. J’entre enfin dans le restaurant avec mon petit ticket et une vieille dame très gentille, derrière son comptoir m’accueille : « Arigato Gosaimasu! » Et me demande si je préfère soba ou udon. Comme elle parle évidemment super vite, elle a tout à fait le temps de lire sur mon visage que j’ai compris que les noms des types de nouilles et que je processe encore le reste de sa phrase dans ma tête. Elle me montre alors un bol en plastique d’une reproduction de soba. « Soba » lui dis-je l’air convaincu. En 1 minute montre en main, mon bol est prêt. Mon premier repas au Japon !! Mon premier vrai repas que j’ai commandé toute seule comme une grande ! Joie, joie, joie ! J’ai si faim.

 

Un oeuf poché dans le bouillon, des algues, des oeufs de poisson frits et une tranche de tofu qui révèle un délicieux goût sucré lorsque je le croque. Il est de coutume de faire du bruit quand on avale les râmen, ne pas les mastiquer et ne pas planter ses baguettes dans sa nourriture quand on n’est pas en train de les utiliser. Pas facile de gérer tout ça en même temps (enfin, surtout d’y penser en mangeant) sans se mettre plein de bouillon partout. C’est là, les lèvres pleines de goût de poule, que j’aperçois une petite serviette humide dans un petit récipient à ma gauche. Je me demande si elle sert à s’essuyer la bouche ou les mains. En même temps, il n’y a pas de serviettes en papier devant ma place (alors qu’il y a un gros pot de baguettes). Je porte donc discrètement la serviette à mes lèvres. Ouf ! Enfin je peux nettoyer ce dégoulinant de soba sur mon menton.

Cinq minutes plus tard, un homme vient s’installer à la place près de moi, et utilise sa propre serviette pour… nettoyer la table d’un geste convaincu. Ok. Je viens de m’essuyer la bouche avec la serviette qui sert à nettoyer la table. Bien joué.

Eh bien c’était quand même un super repas, et j’ai plus faim ! Et puis c’est la satisfaction du jour : j’ai réussi à manger, ça veut dire que je peux survivre !! Maintenant, j’ai hâte d’avoir faim de nouveau pour goûter autre chose. En attendant que revienne l’appétit, je décide de m’aventurer dans le quartier : j’ai vraiment besoin d’un parapluie, d’ailleurs. Sinon je vais ressembler à un chien mouillé dans très peu de temps, si ce n’est déjà le cas. Je suis dans le quartier de Kabukicho, que me dit mon précieux Lonely ? Qu’un sanctuaire se trouve pas loin. Chouette ! Un sanctuaire, exactement ce que je suis venue voir au Japon (après les sushis) (et les râmen) (et les onigiri) (non, peut-être avant, même). Ok, mais je suis où au fait ? Oh mais tiens, ce ne seraient pas des torii par là… ? Oh, ben voilà l’entrée du sanctuaire Hanazono (Hanazono Jinja), un petit chemin guidé par des torii rouge vermeil. Je l’emprunte et me retrouve dans un écrin de paix, en face du bâtiment principal. Je ne peux m’empêcher d’incliner la tête. C’est un lieu sacré après tout : la où les hommes ont concentré leurs énergies et leurs respects à des forces qu’ils ont reconnues supérieures aux leurs. Comme dans tous les sanctuaires, on peut y déposer des voeux.

La nuit tombe déjà. Je me dirige de nouveau vers la partie plus foisonnante de Shinjuku, où les enseignes et les néons commencent à s’allumer. Je marche le nez en l’air. Il s’est arrêté de pleuvoir. J’en prends plein la vue. C’est comme dans les films, comme dans les séries, comme je l’avais imaginé. Il y en a partout. De chaque côté de chaque avenue et dans chaque petite ruelle. C’est bruyant, les bars, clubs de jeux, karaoké et restaurants font du rabattage, certains rabatteurs sont des rabatteuses habillées en soubrettes. Il y a des salles d’arcades illuminées et des purikura. Je suis déjà impressionnée, alors je me demande ce que ce sera le quartier d’Akihabara, connu pour être le repaire des cosplayers, gamers et Otaku.

Shinjuku-1

Ma déambulation est une véritable occupation, une découverte hors normes et surtout une immense source de joie : enfin j’ai vu tout ça de mes propres yeux ! Comme si vous pouviez entrer dans votre film préféré et marcher à côté des personnages. Eh bien j’ai l’impression de voir ce que mes personnages de mangas préférés voient et ressentent lorsqu’ils se promènent dans leur ville. Et encore, on n’a rien vu aujourd’hui.

Bonsoir Shinjuku.

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