LA REUNION / Petit précis sur les brèdes

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Cela fait un moment que je voulais écrire un billet sur les « brèdes ». Je vous en avais déjà parlé dans mon petit guide Manger végétarien en Chine… Si vous êtes un lecteur métropolitain ou continental, vous êtes peut-être déjà en train de vous demander de quoi je parle.

Qu’est-ce que « les brèdes » ? des feuilles comestibles…

Les brèdes font référence à des feuilles ou jeunes pousses comestibles, qu’on consomme beaucoup à La Réunion : en fait, elles font partie de presque chaque repas familial, mais surtout, je crois, dans les familles chinoises. Par exemple, les épinards ou les feuilles de mâche sont des brèdes. Mais les Réunionnais consomment tout un tas d’autres brèdes, comme par exemple les pousses de citrouille (appelées « brèdes citrouille »), qu’on pourrait pourtant tout aussi bien consommer en Métropole puisqu’il y a des citrouilles.

Les brèdes ont leur page Wikipédia, mais elle mérite d’être sourcée davantage. Ce manque de sources est principalement dû à la nature orale de la langue créole et le caractère, de fait, quelque peu aléatoire de certains substantifs et volatil des sources. Ainsi, les appellations peuvent varier d’une famille à une autre, d’une communauté à l’autre aussi. Enfin, on retrouve globalement quand même des noms similaires pour chaque type de brèdes.

A lire aussi :
>>> GUIDE SPÉCIAL : Manger à La Réunion <<<

La préparation : tri et cuisson des brèdes

En fait, préparer les brèdes peut être assez fastidieux car il faut trier chaque botte : enlever les feuilles abîmées – car évidemment, ce sont des légumes assez fragiles ; imaginez une botte de mâche fraîche à trier – et pour certaines variétés de brèdes, il faut également enlever les fibres ou les morceaux de tiges durs (c’est surtout le cas des brèdes dites « chouchou »).

Ces feuilles qu’on mange peuvent être préparées de façons différentes mais je n’en vois que 2 ou 3 qui sont réellement régulières dans nos familles : en fricassée, avec de l’ail, un peu de tomate et du gingembre (c’est la recette traditionnelle créole, me semble t-il) ; en bouillon pour certaines variétés, parfois avec de la viande ; en sauté, surtout dans les familles chinoises. Evidemment, on pourrait manger certaines brèdes crues, en salade.

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Liste des brèdes réunionnais(es ?)

Je n’ai aucune idée du genre des brèdes. Mon instinct me dirait féminin, mais rien n’est moins sûr… Encore un tour de la volatilité de la langue créole.

Voici donc une petite liste – probablement non exhaustive – des brèdes qu’on trouve à La Réunion, que j’ai dressée avec l’aide de ma mère et de quelques sources sur Internet qui m’ont permis de recouper les données. La plupart du temps, le nom est composé du mot « brèdes » (on ne peut pas le désolidariser du reste. C’est le qualificatif générique et il définit ce dont on parle) est simplement suivi du nom du plant de légume d’où provient la feuille :

  • Brèdes Martin : ces brèdes sont très amères. On les prépare en fricassée la plupart du temps.
  • Brèdes Morelle (aussi appelée brède bleue)
  • Brèdes Cresson : ce n’est autre que du cresson, oui.
  • Brèdes « Le coeur » : car le coeur du plan est inclus dans la branche comestible, mais je ne sais pas de quelle plante cette brède provient.
  • Brèdes Chouchou : c’est la feuille du plant de chouchou, ce légume également appelé « christophine » ou « chayotte » en Métropole. La plupart du temps, ceux qu’on trouve sur le marché à Paris viennent d’Amérique du Sud. On n’en trouve pas beaucoup venant de La Réunion, alors que dans notre île, les chouchous poussent par terre !!
  • Brèdes Mafane : ce sont les brèdes dont on se sert pour préparer le plat malgache connu – Le Romazava, qui se prononce « roumazave ». Il s’agit d’une sorte de pot-au-feu avec du boeuf, avec un goût piquant et des vertus anesthésiantes issues justement des brèdes et notamment de leurs petites fleurs jaunes (qu’on peut voir sur la photo d’en-tête).
  • Brèdes Pariétaires, dites « Pouyatère » en créole (ou « Paillaterre » d’après d’autres sites). Voici la page wikipédia correspondante (l’une des seules sur les brèdes !)
  • Brèdes Citrouille : c’est la feuille du plan de citrouille (les jeunes pousses)
  • Brèdes Songe : contrairement aux brèdes citrouille et chouchou, il ne s’agit cette fois pas de la feuille du pied de songe – le songe est un tubercule, comme la patate douce, également connu sous le nom de taro en métropole – mais d’une autre feuille qui prend ce nom.
  • Brèdes Singapour
  • Brèdes Mouroungue : mais apparemment, de moins en moins consommée car elles nécessitent un long temps de préparation
  • Brèdes Zépinards : les épinards. Le Z devant est la marque du créole devant une voyelle en début de mot.
  • Mais aussi des brèdes patate, brèdes manioc, Pak Choi, Liserons d’eau…

Sur le site Goutanou (site de l’Association pour la Défense et la Promotion de la Cuisine réunionnaise), on trouve une petite rubrique sur les brèdes, avec des photos : http://www.goutanou.re/bredes

Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à compléter cette liste ! A Paris, on peut trouver certaines sortes de brèdes chez les Frères Tang : ce qu’on appelle Pak Choi par exemple, ou encore des liserons d’eau…

De nombreux blogs parlent aussi des brèdes, mais je vous redirigerai simplement vers ce billet de Jacqueline Dallem, une passionnée de La Réunion, qui a aussi répertorié quelques type de « brèdes lontan et brèdes zordi » (brèdes d’antan et d’aujourd’hui).

Pour en savoir plus sur La Réunion :
>>> GUIDE COMPLET : Manger et voyager à l’île de La Réunion <<<

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