CHINE / Shunde – Arrivée en terre étrangère familière

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17h de voyage avec une escale à Amsterdam, voilà un temps qui reste encore acceptable pour voyager de Paris à Guangzhou (Canton), dans le sud de la Chine. Je ne parlerai pas de mon sentiment d’étrangeté et de tristesse en commençant ce voyage, car je l’ai déjà beaucoup détaillé dans mon billet d’introduction.

Une fois le pied posé sur le sol chinois (bagage récupéré, vérification des passeport et visa effectuée), il me faut encore une bonne heure de trajet en taxi pour rejoindre la ville de Foshan, au sud de Guangzhou. A l’intérieur de Foshan, je me rendrai dans le district de Shunde, et c’est là que je poserai mes bagages pour une semaine et demi. Je regarde par la fenêtre du taxi : mes sentiments sont toujours très singuliers lorsque je voyage en Chine – c’est la 5ème fois maintenant. Je suis toujours estomaquée par la frénésie de la vie chinoise d’une part et un peu curieuse d’autre part, de voir comment j’appréhenderai le pays avec mon caractère bien occidentalisé derrière mes yeux bridés. Toutes les fois précédentes, j’arrivais en Chine avec une petite peur d’être jugée pour ce que je suis, ou plutôt pour ce que je ne suis pas : ni une vraie Française, ni une vraie Chinoise. Cette fois, c’est légèrement différent : j’ai décidé d’envoyer bouler un peu toutes ces considérations et de profiter du pays comme une touriste qui baragouine la langue. Et puis tant pis si c’est bizarre, nous verrons bien.

La Chine, ce grand pays fourmilière

A bord du taxi, c’est toujours la même expérience : il faut avoir le coeur bien accroché sur les voies rapides chinoises. Ici, pas question de céder le passage ou de limiter sa vitesse. Voitures comme camions, tout le monde roule trop vite sur ces routes à 6, 7 ou 8 voies. On se fait doubler par des énormes camions de marchandises, au milieu d’un trafic toujours intense. Au milieu de tout ça, les deux roues ne sont pas en reste. Lorsqu’on pense qu’en France, les scooters sont parfois privés de voies express, ici, ils sont légions et leurs conducteurs roulent bien évidemment sans casque. Les accidents de la route sont la cause de mortalité la plus élevée chez les jeunes en Chine. Pas étonnant.

Mes poumons ont du mal à s’habituer à la pollution, tout comment mes yeux. Le ciel a une couleur gris saumâtre assez étrange, et on distingue mal si l’air est pollué ou si l’horizon est juste nuageux. En tout cas, au milieu de ces impressions de brouillard urbain, on aperçoit bien, l’immense chantier qu’est la Chine. La skyline de Foshan (la ville se dessine peu à peu depuis l’autoroute construite en hauteur) est ponctuée d’énormes amas d’immeubles entourés de moult grues. 10, 15, 20, 30 étages… ça ne s’arrête pas de construire ! La ville s’étend à perte de vue de part et d’autre de la route, c’est absolument gigantesque. Bienvenue en Chine. Celui qui n’y a jamais mis les pieds ne peut pas concevoir l’énormité d’un tel pays, comparable à une grosse fourmilière (et encore, je ne suis encore jamais allée en Inde).

Shunde-residence

Finalement, me voici arrivée à Shunde, Foshan. Je suis invitée pendant mon séjour dans une grande résidence, construite un peu à la mode « gated community » américaine, où tout semble très kitsch aux yeux de l’Européenne que je suis. Les villas sont construites à la mode occidentale, d’un mélange de style victorien et d’architecture à la française, avec des moulures et des sculptures d’anges, de chevaux en plâtre et de bateaux. C’est assez étrange et difficile à décrire. Ce que j’appelle « résidence » fait en fait la taille d’une ville. Elle renferme une école de très bon niveau, un hôtel au toit violet qui me fait penser à un magasin de Disneyland, plusieurs centres de loisirs et des galeries commerciales, son propre mini-réseau de bus et elle est traversée par l’un des confluents du Delta de la Rivière des Perles. De temps en temps, de gros bateaux circulent par là. Il faut savoir que le Guangdong est une région d’eau. Il y a de l’eau partout, et Shunde n’y échappe pas.

Premier repas chinois : poisson, tofu et jarret de porc

Il fait vraiment chaud pour un mois de novembre. Dire que j’ai quitté Paris par 10 degrés, me voici à Shunde par 25 et ce n’est pas pour me déplaire. Je finis par déposer mon sac et par m’endormir plusieurs heures, étourdie par le voyage. Il y a 7 heures de décalage horaire avec la France. A mon réveil, c’est déjà l’après-midi et la température a encore monté. Il va falloir sortir. Sortir pour manger, et faire des courses… et parler chinois, dans le quartier limitrophe de la résidence, San Gui. C’est un quartier populaire, où l’on parle le cantonais (je ne parle qu’un peu le mandarin et ne comprends pas du tout le cantonais), mais il y a un restaurant cantonais là-bas que j’aime beaucoup, car il est très animé et l’on est accueilli par les poissons et serpents qu’on peut consommer à l’étage.

SanGui-restaurant-entrée

Le choix à la carte est immense et évidemment, je ne peux me fier qu’aux photos pour comprendre ce que je mange, ainsi qu’à ma connaissance de quelques caractères de base qui me permettent de savoir si je choisis de la viande, du poisson ou du tofu, globalement. Ce sera comme ça pendant tout mon voyage, globalement, alors il va falloir s’y faire. J’ai déjà de la chance que dans ce restaurant, chaque plat soit présenté avec une photo sur le menu. Mais bon, c’est amusant de goûter à des choses qu’on ne connaît pas, et je me retrouve avec une marmite de tofu succulente et un jarret de port aussi énormissime que gras, que la serveuse découpe avec des ciseaux, tant la viande est tendre. L’avantage dans les restaurants chinois, c’est qu’on peut faire « da bao », c’est-à-dire emporter les restes. De cette façon, pas de gaspillage ! Et lorsqu’on connaît les quantités qui sont servies, cette option n’en est plus une. Elle devient si indispensable qu’on prend l’habitude d’emporter quelques boîtes en plastique avec soi qu’on remplit une fois le repas terminé !

Après le repas, c’est l’occasion d’aller déambuler du côté de quelques marchands de fruits qui vendent des agrumes à l’arrière de leur mini-camion. C’est la saison des pamplemousses et les meilleurs viennent de Meixian, la ville d’origine de ma grand-mère paternelle (au nord du Guangdong). Il existe deux variétés de gros pamplemousses : l’une avec la pulpe rouge et l’autre avec la pulpe blanches. Ces derniers sont juteux et très sucrés ! Pour les Chinois, ils ont un goût de miel. Je dois faire remarquer que le marchand de fruits ouvre le pamplemousse acheté à l’aide d’un os de côte de bœuf aiguisé, un outil pas commun mais très utile pour détacher l’épaisse peau des quartiers. Il faut quand même un peu de dextérité, chose que la plupart des Chinois de la campagne ont. Oui, car nous sommes à la campagne, en fait, j’ai sans doute oublié de le préciser : ce qui pour nous a des allures de grande ville est, à l’échelle de la Chine, la campagne. Vous verrez la différence au fur et à mesure de ce voyage.

C’est sur cette noté fruitée que je vais terminer cette première journée de novembre en Chine, qui ressemble tout bonnement à une journée d’été !

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