CHINE / Shunde – Vivre et faire son marché à Bijiang

Classé dans : ASIE, CARNETS, CHINE, Guangzhou, VOYAGES | 0

Les jours s’écoulent comme si je vivais durablement à Shunde : rester une semaine dans la campagne chinoise, c’est y découvrir la vie – presque – comme une locale. Bon, à la différence près que mon niveau de chinois ne s’étant pas énormément amélioré entre hier et aujourd’hui, je ne peux pas vraiment taper la discute à chaque coin de rue avec les commerçants du coin, comme font tous les gens d’ici.

Vivre dans un quartier de campagne en Chine

En tout cas, le quartier est populaire et le fait d’être à la campagne a un énorme avantage : ce n’est pas cher et tous les produits sont bien frais. Alors autant dire que faire son marché à Bijiang, ce n’est pas seulement l’occasion de m’exercer en mandarin, c’est surtout s’en donner à cœur joie dans le choix des légumes et des fruits. On trouve bien sûr de tout au marché : pas seulement des légumes, également du poisson, de la viande, de l’huile et du tofu. Le légume phare après le taro (un genre de tubercule, comme la pomme de terre, mais à la chair bien plus fondante), c’est ce que j’appelle « les brèdes » et qu’on appelle « cai » (prononcer ts-haï) ici. Ce sont des feuilles vertes comestibles. Il y en a de toutes sortes et elles sont ultra fraîches.

Shunde-Bijiang-légumes-marché-2 Shunde-Bijiang-boucher Shunde-Bijiang-marché-poissons

Dans les rues alentours, c’est plein de petits commerces et de vie. On trouve de tout dans ces petites boutiques, et les scènes de rues sont nombreuses. Des vieillards mangent à une table installée dehors, des dames ont une discussion animée devant leur boutique ou leur petit restaurant de rue. Il n’y a pas de terrasse, mais tous les restaurants sont grands ouverts. On vit dans la rue. Ce que j’aime le plus, ce sont les couleurs. Elles sont partout vivaces et on en prend plein les yeux. Il y a une telle accumulation d’objets de toutes sortes et d’entassements de fruits et légumes – il faut bien nourrir tout ce monde – que partout où le regard se pose, il rencontre une frénésie de formes et de couleurs.

Shunde-Bijiang-scene-rue-10 Shunde-Bijiang-scene-rue-3 Shunde-Bijiang-scene-rue-6

L’autre caractéristique de la Chine, c’est le bruit. Les voyageurs qui reviennent d’Inde disent que les odeurs sont ce qui assaille le plus les sens. Eh bien dans l’Empire du Milieu, ce sont les cris et les klaxons. Tout le monde parle fort, met de la musique fort, klaxonne fort. A Bijiang, devant l’un des commerces (je ne sais pas bien s’il s’agit d’un restaurant, d’une boutique, d’un garage ou d’autre chose), on a installé un écran sur un bureau et les passants s’arrêtent pour regarder les clips musicaux qui y sont diffusés. Les baffles crachent de la musique chinoise pop (que personnellement j’aime bien et qui me donne envie de danser !) pendant que des filles aux allures de pompom girls s’agitent sur cette télé d’extérieur improvisée.

Dans les rues encore typiques, il y a aussi une boutique d’encadrement où l’on peut observer les artisans travailler (on doit les appeler « shifu », ce qui veut dire « maître »), un autre plus loin fabrique des futons traditionnels, des menuisiers, des garagistes, un vitrier… bref, c’est l’activité d’un village. Un vendeur de thés médicinaux est également installé là, à côté d’une boulangerie chinoise. On peut y acheter du pain de mie en tranches, pas mauvais du tout, et toutes sortes de brioches au coco ou à la crème pâtissière – on adore la crème pâtissière ici.

La Chine entre tradition et modernité

On pourrait bien passer quelques heures à déambuler par ici, et toujours s’étonner de ce qu’on voit. Par exemple ces tranches de lard suspendues à des cintres sur un balcon. Ma foi, pourquoi pas. Le plus surprenant pourtant, et c’est pour moi quelque chose de tout à fait caractéristique de l’organisation de l’espace en Chine, c’est qu’il suffit de sauter dans un bus pendant 5 minutes pour sortir des impressions de village et se retrouver dans un centre commercial flambant neuf ! Les centres commerciaux poussent comme des champignons dans le pays. D’ailleurs, même les magasins déjà installés ne sont pas du tout certains de durer plus de quelques mois : le changement ici, c’est tout le temps ! Je me demande comment on perçoit la notion du temps lorsqu’on tient un commerce ici. C’est un peu la jungle : il y a tellement de concurrence parce qu’il y a tellement de monde, que la sélection naturelle n’a jamais été aussi forte. Le meilleur l’emportera apparemment, l’argent étant le meilleur.

C’est bien comme ça que je me retrouve à pinailler pour quelques Yuan quand je fais mon marché d’ailleurs… un jour, on me vend un kilo de longans (un fruit proche du letchis) à 12 Yuan, et le lendemain, il est passé à 13 sans aucune raison ! Tout cela parce que ça se lit sur mon visage que je suis une étrangère. Enfin, cela ne me démonte pas, en général, et je finis toujours par négocier au plus juste prix. C’est vraiment une habitude à prendre ici. Négocier pour tout, pour le transport, la nourriture et même pour acheter ses légumes. C’est une pratique qui est particulièrement vraie à Guangzhou d’ailleurs. Et je vous en parlerai dans un prochain billet, qui donnera un aperçu de « l’atelier du monde ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.